Aujourd’hui, quand un de nos appareils électriques ou électroniques tombe en panne, ou ne fonctionne plus comme au premier jour, nous avons bien souvent tendance à s'en débarrasser et en acheter un nouveau. En plus de cela, les appareils comme les smartphones par exemple deviennent vite obsolètes, et bien souvent, c’est un choix du fabricant. On parle alors d’obsolescence programmée. Pour lutter contre cette obsolescence - programmée ou non -, le gouvernement prend de nouvelles mesures depuis quelques années et l’une d’entre elles est l’indice de réparabilité. Mais concrètement, qu’est-ce que c’est, et que va-t-il changer ?
Qu’est-ce que l’indice de réparabilité ?
L’indice de réparabilité est une des mesures prises par le gouvernement dans la loi anti-gaspillage adoptée en février 2020. Cette loi prévoit de nouvelles obligations, de nouvelles interdictions et de nouveaux outils. Elle est composée de 130 articles que le gouvernement compte mettre en place entre 2021 et 2025. La loi anti-gaspillage vise cinq grands axes :
- Sortir du plastique jetable
- Mieux informer les consommateurs
- Lutter contre le gaspillage et pour le réemploi
- Mieux produire
- Agir contre l’obsolescence programmée
C’est dans ce dernier axe que le décret sur l’indice de réparabilité prend place dans le but d’accompagner le consommateur dans de nouvelles pratiques de consommation. Concrètement, l’indice de réparabilité consiste en une note sur 10, accompagnée d’une couleur (rouge, orange, jaune ou vert). Cette note devra être apposée directement sur le produit ou son emballage ainsi que sur son lieu de vente (proche du prix par exemple).
Début 2022, l’indice de réparabilité a été mis en place sur cinq catégories de produits “pilotes” : les lave-linge hublot, les télévisions, les smartphones, les ordinateurs portables et les tondeuses à gazon électriques. Depuis le mois de nomvembre 2022, de nouvelles catégories sont concernés par cet indice : les laves linges à chargement par le dessus, les laves vaisseilles, les nettoyeurs hautes pression et les aspirateurs filaires, sans fils et robots. Dans les années à venir, l'indice de réparabilité a vocation à être décliné et appliqué à d’autres catégories de produits. Entré en vigueur au 1er janvier 2021, les contrôles par la DGCCRF (la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) n'ont commencé qu’en janvier 2022 afin de laisser aux constructeurs et vendeurs le temps de le mettre en place.
Pourquoi mettre en place un indice de réparabilité ?
Aujourd’hui, 40 % des appareils sont réparés en France. D’ici 5 ans, le gouvernement souhaiterait arriver à 60 %, et c’est dans cette optique qu’il met en place l’indice de réparabilité. Avec cet indice, le gouvernement espère inciter les fabricants à rendre leurs appareils plus facilement réparables et plus durables dès leur conception. Les vendeurs sont dans l’obligation d’informer le consommateur de l’indice de réparabilité au moment de l’achat, et ce, sans frais. En portant à la connaissance du consommateur cette note au moment de l’acte d’achat d’un produit neuf, le gouvernement espère également offrir au citoyen le pouvoir de choisir des appareils avec une meilleure note et donc, qui sont plus facilement réparables.
Comment est calculé l’indice de réparabilité ?
L’indice de réparabilité est une note sur 10 qui s’obtient en additionnant cinq notes sur 20, qui donne une note sur 100. Cette note sur 100 est ensuite ramenée sur 10 pour être plus facilement interprétée. Ces cinq notes sont les notes de cinq critères :
- La disponibilité de la documentation : les produits dont la documentation est rendue disponible facilement et sur une longue période par les constructeurs obtiendront une meilleure note sur ce critère.
- La démontabilité, l’accès et les outils : la note est basée sur la facilité à démonter le produit et les outils qui sont nécessaires pour le faire.
- La disponibilité des pièces détachées : des pièces détachées disponibles longtemps et facilement pour les consommateurs et les réparateurs offriront une meilleure note.
- Le prix des pièces détachées : la note de ce critère est établie en fonction du rapport entre le prix des pièces détachées et le prix du produit.
- Le critère spécifique : le dernier critère est un critère spécifique à chaque catégorie d’équipement.
Les constructeurs sont accompagnés dans le calcul de cet indice de réparabilité et disposent d’une notice d’aide au calcul ainsi que de grilles de calcul pour chacune des catégories. Les paramètres qui ont permis d’établir la note de cet indice doivent eux aussi être rendus disponibles sans frais pour le consommateur dans un tableau récapitulatif comme celui-ci :
Indice de réparabilité : est-il vraiment efficace ?
Comment savoir si l’indice de réparabilité sera respecté ? Tout d’abord, la faible sanction prévue pour les entreprises qui ne respectent pas l’affichage obligatoire de l’indice de réparabilité risque d’entraîner des abus. En effet, la sanction s’élèvera à 15.000 € pour une personne morale, ce qui reste peu dissuasif pour une grande entreprise selon l’association HOP, Halte à l'Obsolescence Programmée. Ensuite, les contrôles ne commençant qu’en janvier 2022, même si l’indice est théoriquement obligatoire depuis le 1er janvier 2021, les mauvaises notes ne risquent pas d’être affichées tant qu’aucune sanction n’est encourue. De plus, la complexité de calcul de l’indice fait que la note peut également être biaisée, notamment car elle est calculée par les constructeurs eux-mêmes (bien qu’ils doivent respecter une méthodologie de calcul). Cependant, s’il est bien utilisé, l’indice de réparabilité permettra aux entreprises d’attirer l’attention des consommateurs, qui changeront sûrement de regard suite à sa mise en place. Il reprend la logique de l’étiquette énergie, qui, après un temps d’adaptation, a permis d'entraîner des changements dans la manière de consommer et d’acheter un produit.
Où trouver l’indice de réparabilité d’un produit ?
Parmi les précurseurs, citons tout d’abord l’excellente initiative du groupe Fnac-Darty qui publie depuis 2012 son propre indice de réparabilité intitulé “le Baromètre du SAV”. Publiée sur sa propre initiative et à partir d’un historique de 1,5 millions de produits réparés par an, il permet au consommateur de s’informer de la fiabilité et de la durabilité d’un produit avant l’achat.
Depuis le 1er janvier 2021, toutes les grandes enseignes telles que Fnac, Darty ou Boulanger se sont conformées à la loi en affichant dans les rayons et sur leur site internet l’indice de réparabilité des produits éligibles.
Chez les constructeurs, la note des produits est plus ou moins mise en avant. Pour connaître l’indice de réparabilité d’un iPhone 12 sur le site d’Apple par exemple, il vous faudra renseigner l’ensemble des caractéristiques (couleurs, capacité, modèle) sur la fiche produit avant de voir la note s’afficher. Alors que sur le site de Samsung la note est nettement plus visible puisqu’elle est indiquée dès le catalogue.
Indice de réparabilité : Quelles sont les notes d’Apple, Samsung et Microsoft ?
Les fabricants déclarent eux-mêmes les scores de réparabilité de leurs produits, ce qui a suscité un certain scepticisme chez les défenseurs de la réparation. Toutefois les nombreux critères qui permettent de constituer ce score suggèrent qu'il sera difficile pour les entreprises de faire jouer le calcul en leur faveur.
Apple, généralement peu enclin à décrire ses produits en des termes moins élogieux, a déclaré des scores de réparation plutôt médiocres. Les 16 modèles d'iPhone ont reçu la note 5,5/10 en moyenne. De manière générale, les concurrents d'Apple ne font pas beaucoup mieux : Google a attribué à ses smartphones Pixel 4a et Pixel 5 une note de réparation de 6,3 sur 10, tandis que Microsoft a donné à son Surface Duo seulement 3,7 points.
En regardant de plus près chaque critère de l’évaluation, il est possible de voir où les appareils perdent le plus de points. Sans surprise, les iPhones ont obtenu de très mauvais résultats en ce qui concerne la "facilité de démontage", de nombreux modèles ayant reçu moins de 2 points sur 10 dans ce domaine. Deux modèles, l'iPhone XR et l'iPhone 11 ProMax, ont même obtenu des zéros dans ce domaine, ce qui suggère qu'aucune des pièces couramment cassées, y compris l'écran et la batterie, ne peut être démontée en 16 étapes ou moins. Les MacBook ont également obtenu de mauvais résultats en matière de facilité de démontage, avec une moyenne de 2,9 points sur 10.
Les ordinateurs portables Microsoft, en revanche, ont obtenu une note moyenne de 7,5 sur 10 pour la facilité de démontage. Mais les scores globaux de réparation de la société ont été plombés par le fait que ses ordinateurs portables ont reçu des zéros pour la disponibilité et le prix des pièces de rechange, ce qui indique que sur une liste de 10 pièces, y compris la RAM et le clavier, aucune n'est disponible pendant cinq ans ou plus après l'arrêt du produit par la société. Globalement, Microsoft a attribué à ses ordinateurs portables Surface un indice de réparation moyen de 3,8, contre 6,3 pour les MacBook d'Apple.
De son côté, Samsung a publié un manuel de réparation pour son dernier modèle : le Galaxy S21+. La publication de ce manuel, qui comprend des instructions détaillées expliquant (en français) comment réparer l'appareil, semble avoir aidé Samsung à augmenter le score de réparation de son smartphone phare à un respectable 8,2 sur 10. En revanche, le Samsung Galaxy S20, pour lequel Samsung n'a pas publié de manuel de réparation en ligne, a reçu une note de 5,7.
Vers un indice de durabilité
“Aucun État au monde n’est allé aussi loin que la France dans la lutte contre le gaspillage !” titrait le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Et mettre en place un indice de réparabilité n’est qu’une étape pour le gouvernement. À partir du 1er janvier 2024, certains équipements électriques et électroniques afficheront également un indice de durabilité qui viendra compléter, voire remplacer, l’indice de réparabilité. Il prendra en compte de nouveaux critères comme la robustesse ou la fiabilité du produit par exemple. Le but du gouvernement avec cet indice serait de pouvoir donner aux citoyens les clés pour choisir un appareil durable dans le temps dès son achat.
Une économie circulaire est-elle possible ?
La mise en place de cet indice de réparabilité est une bonne chose. En effet, il permettra certainement de sensibiliser la population à la problématique de la réparabilité. Mais pour donner à l’économie circulaire la place centrale qu’elle mérite, il faudrait que la réparation, la remise à neuf ainsi que le réemploi deviennent une réelle norme. C’est ici que les acteurs du reconditionné prennent place. En effet, grâce au reconditionné, il est possible d’offrir une seconde vie à des appareils qui sont encore tout à fait fonctionnels. Après avoir été contrôlés par des professionnels, les pièces défaillantes sont changées, et l’appareil est remis en état de marche. Vous pouvez alors faire l’acquisition d’un appareil comme neuf, à moindre coût, et participer pleinement à l’économie circulaire ! N’hésitez pas à utiliser un comparateur comme Reepeat pour trouver les meilleures offres de produits reconditionnés disponibles sur Internet.